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. Article dans le Figaro, 15/01/2010
Aux confins de Pomerol, Corbin est un des innombrables secteurs de Saint Émilion : « Je me souviens que mon grand-père avait, avant-guerre, le choix de s’appeler Pomerol ou Saint-Émilion. Il a préféré Saint-Émilion, qui était à l’époque beaucoup plus connu », rappelle François Despagne, le propriétaire de Grand Corbin-Despagne, un château qui vient d’accéder à la mention « grand cru classé » au dernier classement de Saint-Émilion.
Suite à des divisions et des successions comme il en existe tant en France, pas moins de six châteaux portent le nom de Corbin, soit Corbin tout court, mais aussi Haut, Grand, Petit selon leur localisation, ou encore Despagne, Manuel ou Michotte, selon leur nom de propriétaire. Cet acharnement à garder dans son appellation, d’une manière ou d’une autre, le nom de Corbin, illustre à lui tout seul la réputation passée du coin. D’ailleurs, sur six châteaux, cinq sont des grands crus classés (Grand Corbin Manuel est un grand cru).
Face à une compétition mondiale de plus en plus difficile, ces propriétés, dont les tailles s’échelonnent de 6 à 27 hectares, ont senti le besoin de se regrouper : « Comme nous sentons bien que nous sommes trop petits sur le marché mondial, nous avons décidé de mener ensemble nos actions de communication », précisent l’unisson.
Ce type de démarche commune est rarissime en France, car, a priori, plutôt que complémentaires, les propriétés sont plutôt rivales. Certes, le terroir fait de sols un peu sableux se mélangeant plus ou moins à l’argile, leur donne bien un petit air de famille, tout comme le cépage merlot, qui représente au moins les deux tiers de l’encépagement. Mais chacun tient à préserver sa personnalité.
Au-delà du cousinage et des relations de voisinage, une nouvelle génération arrive aux commandes de ces six châteaux. Plutôt que de mener leurs actions séparément, ce qui était le lot de la génération précédente, ils préfèrent s’unir pour faire partager leur passion. La passion du vin est devenue fédératrice.
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