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. l'Intrépide Yseult de Gaye - Bordeaux Madame Juillet 2015, 10/07/2015
L'Intrépide Yseult de Gaye...
Après des études de marketing et de comptabilité Yseult de Gaye décide de passer un BTS viticulture à Blanquefort dans l’intention d’assurer la direction du Château Grand Corbin Manuel. En juin 2005, elle prend les rênes de cette propriété familiale de 7 hectares d’un seul tenant située au Nord-Ouest de Saint Emilion et à proximité de Pomerol acquise par son père Stéphane de Gaye la même année. Elle avoue sans détour : « Ce n’était pas un cadeau ! Si les vignes étaient relativement entretenues, il fallait restaurer, charpenter, moderniser le cuvier et le chai à barriques. » Et précise aussitôt : « pour élaborer un grand vin, nous devons travailler de façon la plus hygiénique possible ». Après avoir planifié les travaux de modernisation Yseult de Gaye a dû s’intéresser à la commercialisation, se familiariser avec le monde du négoce et du courtage : « A 25 ans ce n’était pas facile de comprendre les rouages et les modes de fonctionnement de la Place, de déterminer le rôle de chaque intervenant. D’autant qu’il n’y avait pas eu de vente des vins Grand Corbin Manuel depuis cinq ans ! ». Les premiers millésimes produits 2006,2007 et 2008, à petite réputation, n’enthousiasmaient pas les négociants : « les réponses étaient toujours les mêmes : on ne peut pas rentrer d’autres vins ! ». Des années d’épouvante tant moralement que financièrement : « il faut être solide pour ne pas baisser les bras ». Le métier de viticulteur n’a rien à la vie de château : « je suis toujours amusée quand on me pose la question : que faites-vous en dehors des vendanges ? ». Enfin vint l’excellent millésime 2009 ; l’heure n’était plus à la désolation. La profession retrouvait le sourire, on s’autorisait tous les espoirs : « le 2009, il m’a bien servit celui- là et derrière le 2010, une aubaine. On commençait à intéresser les négociants. Les portes s’ouvraient. J’ai pu faire goûter mes autres millésimes ». Perfectionniste et déterminée, Yseult de Gaye veut produire un vin de grande qualité et de grand charme : » On a eu pour ambition d’être plus précis tant dans la conduite du vignoble que dans les procédures de vinification ». Elle a choisi d’être secondée par Thomas Le Grix de la Salle : « Talentueux et polyvalent il est à la fois viticulteur, vinificateur et assembleur ». Aujourd’hui la famille cherche à agrandir le vignoble : « Je crois que nous avons trouvé une belle opportunité ». Les efforts accomplis ont été récompensés. Pléthore de critiques saluent le renouveau qualitatifs des derniers millésimes. Le 2012 a reçu ainsi un 90 Parker « avec pour commentaire : une révélation essentielle du millésime » tient à préciser, non sans fierté, la jeune propriétaire. Depuis deux ans, elle s’occupe également d’un autre domaine familial de 4.6 hectares à Pomerol, que sa grand-mère a rebaptisé La Création joli nom aux connotations religieuses. « Même équipe, même philosophie. On a arraché deux parcelles. Le vin est surprenant, je l’ai servi à l’aveugle dernièrement, les convives se sont esbaudis ». Toujours avec humour, elle confie : » Je fais mes vins comme je les aime. Si je n’arrive pas à les vendre, au moins je pourrai les boire ».
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